« Qu'est ce que je paie quand je paie mon agronome? »

Chaque décision intègre des déterminants techniques mais aussi pratiques, financiers, sociaux, familiaux, temporels, éthiques, personnels, etc. Personne n'est à votre place pour comprendre et juger vos décisions. Vous êtes le spécialiste de VOTRE situation particulière.

Votre agronome ne vous dit pas quoi faire. C'est quelqu’un :

  • qui a vu des centaines de cas de figure sur des dizaines de fermes et a tiré des enseignements de chacun d'eux. Il est là pour en témoigner, en faire l'analyse, vous transmettre les éléments qui vous seront utiles

=> Il démultiplie vos retours d'expérience.

  • qui a étudié l'agronomie pendant plusieurs années et qui se tient à jour des dernières avancées scientifiques et techniques par des lectures, des conférences, des rencontres de professionnels, etc. Il est là pour être à l'affût des nouveautés, les comprendre, les vulgariser et vous en faire bénéficier.

=> Il vous sauve du temps et vous explique.

  • qui vous propose plusieurs solutions et vous présente les avantages et inconvénients de chacune pour que VOUS puissiez prendre une décision éclairée selon vos valeurs et vos objectifs.

=> Il vous donne de l'autonomie.

 

L'administration est lourde que ce soit pour les exigences réglementaires annuelles, lors d'une installation ou d'un agrandissement, d'une importation de fumier, d'un chantier de remblai, d'une transition vers la régie biologique, etc.

Votre agronome n'est pas un inspecteur ni une police. C'est quelqu’un :

  • qui vous guide à travers les démarches et fait les vérifications nécessaires pour que vous ne soyez pas pris en défaut. Il réalise vos documents réglementaires en conformité avec les plus récents règlements en vigueur.

=> Il vous épargne du stress et de la charge mentale. 

La ferme ce n'est pas qu'un métier, c'est toute votre vie. Souvent c'est aussi celle de vos parents et des générations avant vous. La responsabilité est énorme. Les activités agricoles rythment votre horaire, votre réseau social, votre mode de vie.

Votre agronome ne vient pas nécessairement du milieu agricole et ne vit souvent pas sur une ferme. Il est possible qu'il n'ait jamais conduit de tracteur. Il/elle ne prétend connaître votre métier mieux que vous. C’est quelqu’un :

  • qui a une méthode et de la rigueur. Il/elle ne sait pas forcément ajuster un sarcleur mais il/elle sait quel stade de culture est critique pour votre rendement et quel résultat viser.
  • qui pose les bonnes questions. Il vous aide à poser un diagnostic ou à mettre en place un essai à la ferme pour obtenir des résultats fiables et utilisables.
  • qui se sent concerné par vos projets et qui veut vous voir réussir et vivre heureux de votre métier, quelle que soit la forme que ça peut prendre pour vous.
  • qui vous respecte pleinement sans pour autant être conciliant. Il ne sera peut-être pas toujours du même avis que vous. C'est son rôle d'expert extérieur.

=> Il/elle participe à augmenter la qualité de votre travail.

 

L'agriculture est au cœur de tous les enjeux de société.

Votre agronome côtoie le monde municipal, écologiste, urbain, des consommateurs, de la recherche, etc.

  • Il a une vision d'ensemble. Il peut apporter un éclairage différent à certaines situations.
  • Il peut témoigner de la réalité agricole en connaissance de cause.
  • Il reçoit les paroles des uns et des autres de manière moins émotive

=> Il/elle est un.e interlocuteur.trice privilégié.e dans les projets territoriaux.

 

Quand vous payez votre agronome, vous payez pour ses connaissances agronomiques certes. Cependant toutes les informations sur lesquelles se base sa compétence sont publiques et accessibles à tous et toutes.

Ce que vous payez vraiment, c'est son temps et son habileté à collecter des informations utiles, à les synthétiser, à les analyser, à les appliquer à chaque situation particulière et à vous les retransmettre. C’est sa curiosité, sa rigueur, son esprit d'analyse, sa pédagogie, son implication.

Votre agronome peut probablement plus pour vous que vous ne le pensez. Sollicitez-le/la à son plein potentiel, il/elle saura être un.e allié.e précieux.se! 

Cécile Tartera, agr., conseillère en gestion agricole

 

Poser un diagnostic est parfois techniquement délicat. Ça l'est encore plus quand les biais cognitifs s'en mêlent. On a tendance à expliquer une situation de la manière qui nous est familière ou qui nous conforte dans nos croyances. Par ex. si vous êtes dubitatif par rapport au semis direct, c'est forcément à cause de ça si le rendement n'est pas au rdv, etc.

Votre agronome c'est quelqu’un :

  • qui prend à cœur vos problèmes et vos réussites tout en ayant le détachement nécessaire pour les aborder sans le filtre de votre histoire, vos croyances, votre ego

=> Il vous aide à identifier les facteurs de réussite.

Nouveaux traitements de semence, nos cours d'eau en danger? (décembre 2018)

En 2018, lors des semis, vous avez vu de nouveaux noms sur les sacs de semences : Lumivia, Acelepryn, Altacor, Coragen et Voliam Xpress, Fortenza, Lumiderm. Ces nouveaux traitements ont le chlorantraniliprole ou le cyantraniliprole comme matières actives. Ces produits sont moins nocifs que les néonicotinoïdes pour les abeilles, mais beaucoup plus toxiques pour l’écosystème aquatique. Déjà entre 2016 et 2017, les analyses d’eau dans la rivière des Hurons montraient une forte diminution des néonicotinoïdes (-48%), mais une forte augmentation de la matière active du Lumivia (chlorantraniliprole) (+57%). Cette situation est préoccupante car le Lumivia (chlorantraniliprole) est très toxique pour les invertébrés aquatiques. Avec l’utilisation plus grande des chlorantraniliprole et cyantraniliprole pour remplacer les néonicotinoïdes, verrons-nous un effet sur la vie dans nos cours d’eau? De nombreuses espèces de poissons se nourrissent des invertébrés aquatiques.

Avec la nouvelle réglementation qui interdit l’achat de semences traitées aux néos sans justification agronomique, la solution est-elle de changer de famille d’insecticide? Voici une comparaison des matières actives du Lumivia et du Cruiser 5FS, un néo qui était couramment utilisé en grandes cultures.

Les essais menés par le CEROM sur les ravageurs dans le sol sur plus de 800 sites au Québec (25 000 pièges-appâts) montrent que seulement 4% des champs atteignaient le seuil de traitement qui est de 3 vers fil-de-fer/piège (Saguez et al. 2017). Les infestations de mouche des semis sont sporadiques et ont plus de chances de survenir quand on enfouit des fumiers ou des engrais verts tôt au printemps. Avec une pression aussi faible, l’utilisation systématique d’un traitement de semence insecticide est incompatible avec la lutte intégrée.

Demandez un traitement de semence insecticide seulement si vos champs présentent un historique d’infestation de ver fil-de-fer ou un précédent cultural de prairies ou de céréales. Les sols organiques et les sols sableux sont plus propices aux vers fil-de-fer. L’application VFF intégrée à Info-Sols permet de prévoir le risque de dommages liés aux vers-fils de-fers selon les caractéristiques de vos champs. Vous avez un doute? Même si vos semences sont traitées, nous pouvons dépister vos champs au printemps prochain, afin de vérifier la population de ravageurs.

Eveline Mousseau, agr., conseillère en agroenvironnement.

Citation : Saguez, J., & Labrie, G. (2017). Les vers fil-de-fer dans les grandes cultures au Québec. Antennae24(2), 5-9.

https://www.researchgate.net/profile/Julien_Saguez/publication/318378346_Les_vers_fil-de-fer_dans_les_grandes_cultures_au_Quebec/links/59663d070f7e9b80917fe57d/Les-vers-fil-de-fer-dans-les-grandes-cultures-au-Quebec.pdf

 

Investir aujourd’hui ou attendre, quelle option choisir? (octobre 2018)

Cette question revient souvent lors des discussions avec les producteurs et nous avons toujours beaucoup de difficultés à nous positionner clairement en faveur d’une situation ou de l’autre. Nous avons donc mis sur papier nos conditions préalables à l’investissement et, à l’aide de notre moyenne et d’un modèle que nous avons créé, nous avons pu illustrer en chiffres les impacts du statu quo et de l’investissement.

Dans nos calculs, nous parlons d’investissements à la hauteur de 10 500 $/place (infrastructures) et nous considérons que le quota laitier doit être acheté à 100 % (pas de don). Nous pensons que les charges fixes augmenteront de façon proportionnelle à la hausse du nombre d’animaux puisque les charges variables totales demeurent les mêmes en $/kg de gras produit (donc amélioration des charges par vache).

Selon nos calculs, avec une hausse de productivité de l’ordre de 1000 litres/vache, la marge d’exploitation additionnelle de l’entreprise serait de 80 500 $, ce qui représente un délai de récupération sur l’investissement de 19 ans (à 3,5 % d’intérêt), ce qui est très long. Nous nous sommes donc questionnés à savoir pourquoi ce serait intéressant de procéder aux investissements alors que le délai de récupération était aussi long.

En comparant une entreprise qui choisit d’investir avec une entreprise qui opte pour le statu quo, pour une hausse de la productivité de 1000 litres/vache, il faut 15,7 ans pour que l’entreprise ayant investi puisse rattraper une entreprise ayant choisi le statu quo. Ainsi, à partir de la 16e année, l’entreprise ayant investi surpasse le solde résiduel cumulatif de l’entreprise en situation de statu quo, mais ce qui est le plus intéressant, c’est que l’entreprise ayant investi sera en mesure de supporter une dette supplémentaire de 1 150 000 $ sur 20 ans, ce qui n’est pas négligeable aujourd’hui dans le contexte de valeur croissante des entreprises agricoles.

Toujours en effectuant le même calcul comparatif entre l’investissement et le statu quo, mais en supposant une hausse de la productivité de 1500 litres/vache, il faut 14,2 ans à l’entreprise pour revenir à une situation égale à celle du statu quo et cette fois-ci, la dette supplémentaire qu’elle pourrait supporter serait de 1 500 000 $ sur 20 ans au moment du transfert.

Évidemment, il faut évaluer les coûts et les bénéfices d’investir ou de garder le statu quo. Il y a également certaines conditions qui doivent être respectées avant de pouvoir aller de l’avant avec un tel projet :

  • Le taux d’endettement avant-projet doit être de moins de 20 %;
  • Le troupeau doit déjà démontrer un bon niveau de productivité;
  • Le solde résiduel doit être supérieur à 10 % et l’entreprise doit déjà être en mesure de bien contrôler ses charges variables.

Finalement, il faut se rappeler que ces calculs ne sont que théoriques et ne prennent pas en considération certains éléments comme la variabilité du prix du lait, la hausse des coûts d’investissements potentiels ou encore des problématiques de santé du troupeau affectant la productivité! Il faut donc toujours être préparé en tant que propriétaire à gérer certains impondérables et à envisager d’autres solutions, telles que des congés de capitaux et des risques financiers un peu plus importants que prévu! Il faut bien valider les pour et les contre afin d’être confortable avec nos choix et de pouvoir bien dormir le soir.

Catherine Dessureault, agr., conseillère en gestion agricole

 

 

 

La gestion humaine du changement (octobre 2018)

Dans plusieurs changements, l’aspect humain est négligé. Pourtant, c’est un facteur important qui a le pouvoir de propulser ou de freiner votre projet. Afin d’évaluer où se trouve votre équipe par rapport à un projet à venir, Céline Bareil, spécialiste du changement humain en entreprise, propose un modèle incluant sept phases de préoccupations qu’on traverserait lors d’un changement. Pour chaque phase, certaines interventions sont à prioriser afin de faciliter le bon déploiement du changement. L’écoute sincère et le questionnement permettent de saisir la phase où notre interlocuteur se trouve et, ainsi, offrir le soutien nécessaire.

Même si la réaction naturelle devant un interlocuteur fermé à nos idées est de se fermer aussi, l’ouverture, l’écoute et le questionnement restent les approches qui ont le plus de chance d’être efficaces et qui vont favoriser le maintien de bonnes relations dans votre équipe de travail.

Pour plus d’informations, voir :

Décoder les préoccupations et les résistances à l’égard des changements, de Céline Bareil (2009)

Émylie Cossette, conseillère en relations humaines et transfert d’entreprise

Les taxes sur nos factures ...  Finis les maux de tête!

Plusieurs d’entre vous reçoivent régulièrement des factures du Groupe ProConseil ou de différents organismes de service agricole. Habituellement, la facture comprend des biens et/ou services qui, selon la loi, sont taxables (TPS et TVQ). Vous pouvez donc, assez facilement, voir le calcul de la TPS et de la TVQ au bas de la facture. Voici un exemple concret de ce genre de facture :

Là où ça se complique, c’est lorsqu’une facture inclut une subvention offerte par le MAPAQ. Pourquoi devez-vous payer la totalité des taxes si votre facture est réduite du montant de la subvention ? Parce que la portion de la subvention est considérée comme un paiement d’une partie de la facture et qu’un paiement n’est pas taxable, car ce n’est ni un bien, ni un service. Voici un autre exemple concret de facture :

Comme vous l’aurez remarqué, la TPS et la TVQ sont identiques et la valeur du service est la même dans les deux cas. La subvention représente une aide pour payer la deuxième facture, mais le service original reste le même et est donc taxable en totalité.

Dans les deux cas, le montant de réclamation des TPS et TVQ sera le même sur votre demande de remboursement de taxes.

Nathalie Théberge, technicienne en comptabilité